• Prologue.... et épilogue?

    C'est hier que je suis arrivée sur cette étrange planète virtuelle habitée par les bloggeurs.

    Bien sûr, j'en avais entendu parler. Je commençais même à me dire qu'être non bloggeur devait avoir un côté has been, à force de lire à chaque coin de magazine que « si t'as pas ton blog t'es pas en vogue ».

    Mais ce n'est pas la seule raison qui m'a conduite jusqu'ici. Ce qui m'a amenée à franchir les portes de cet univers parallèle, c'est ma première et dernière bonne résolution de ce début d'année : quitter ce monde. Peut-être m'expliquerai-je sur ce point dans les pages de ce blog, si j'y reviens.

    Donc, après y avoir réfléchi pour la énième fois depuis que j'ai l'âge de comprendre que me tuer était finalement la meilleure façon de ne pas risquer de mourir sans avoir vécu, j'ai ressenti, en ce début d'année, l'impérieux besoin de mettre un terme à cette existence dénuée de sens.

    C'est monté en moi comme une évidence balayant tout le reste. Bien sûr cette certitude s'est d'abord accompagnée d'une déferlante d'angoisse. Comme chaque fois. Envie de hurler, de tout foutre en l'air, dégoût de tout, surtout de moi.

    La bête s'était réveillée. Elle ne me quitte jamais, fidèle compagne de mes douleurs. Elle est là, tapie au creux de moi, toute griffue et fourchue. Elle reste parfois tranquille, blottie dans un coin, apparemment repue, me laissant presque espérer qu'elle s'est envolée. Mais dès que l'odeur de la mélancolie flatte ses naseaux, elle se réveille et se nourrit de mes peurs. Elle retrouve alors sa vitalité et marque à nouveau son territoire. Elle s'agite et ravage de ses griffes mon cœur et mon ventre. Certains de ses assauts sont supportables et je m'en sors affaiblie mais vivante.

    Mais cette fois l'attaque fut redoutable, tordant mes entrailles et ma tête pour me laisser décomposée, déjà morte. C'était il y quelques jours et c'est depuis que j'ai décidé que ce serait la dernière fois. Mon cœur est trop abîmé et ma tête trop fatiguée pour subir un nouvel orage. J'ai alors pris les dispositions nécessaires, obtenir le moyen de partir, écrire les adieux, gérer l'administratif.

    Je vis depuis comme si je me trouvais dans la salle d'embarquement de mon ultime voyage. En attente. En attente de quoi me direz-vous peut-être ?

    De ne plus avoir en moi la moindre once d'espoir.

    Car l'espoir est une belle saloperie. Le désespoir est supportable. L'espoir lui, tue à petit feu. Ça brille et vous attire. C'est la pire des drogues. Plus forte que l'adrénaline. Ça mobilise votre énergie et vous donne l'illusion que vous aussi vous pouvez prétendre à un ersatz de bonheur, un semblant de réussite. Et puis d'un coup, hop, ça disparaît et c'est la descente. Mais moi j'en peux plus de ces descentes.

    C'est ça mon problème. Je suis accro aux espoirs et aux rêves et chacun de mes sevrages forcés me fait tomber un peu plus bas. Et des rêves, j'en ai toujours eu raz le cœur et la tête. Quand j'étais plus jeune, j'avais l'habitude de dire « quitte à rêver, autant rêver grand, ça ne coûte pas plus ».
    En fait si, ça coûte, mais je m'en suis rendue compte trop tard. Si j'avais su, j'aurais appris à rêver en modèle réduit. Des petits rêves accessibles qui peuvent éclore pour devenir réalité. Des rêves qui ne broient pas le ventre parce qu'ils meurent d'être trop grands.

    Donc cette fois, j'ai décidé de me désintoxiquer, et la seule solution vraiment efficace reste la disparition. De toute façon, vivre sans rêve, se résigner, entrer dans le rang, devenir grand, tout ça c'est déjà mourir un peu. Simplement on est vivant pour s'en rendre compte. Il me faut maintenant garder le courage d'aller au bout du concept.
    Parce que j'ai déjà traversé des déserts comme celui là. Mais chaque fois j'ai faibli, j'ai rechuté dans l'espoir. Aujourd'hui, je voudrais qu'au moins une fois dans ma vie je mène à bien un projet, celui d'y mettre un point final. Et si je le fais assez vite, j'aurai un point commun avec Van Gogh qui s'est tiré une balle dans la poitrine à 37 ans (je n'ai pas de mérite, je l'ai entendu sur Inter ce matin). Bon, en fait de point commun, il ne s'agit que de l'âge et pas du moyen que j'ai choisi plus doux. J'ai toujours éprouvé du dégoût pour la souffrance physique et la perspective de me déchirer le corps avec un projectile de plomb ne me dit rien du tout.
    Et puis je pense à ceux qui me trouveront. Restons présentable.

    Et puis Vincent, même s'il fut ignoré de son vivant a connu post mortem le succès que l'on sait, ce qui bien sûr ne sera pas mon cas. Moi je ne suis personne, ou pire, juste quelqu'un de bien comme disait une chanson que je déteste :« juste quelqu'un de bien, sans grand destin, une amie à qui l'on tient, juste quelqu'un de bien, bla bla bla bla »..

    Alors pourquoi écrire tout ça, ou plutôt pourquoi je l'écrire ici ?
    Pas facile de répondre, sans doute un tour de ce foutu espoir qui m'a murmuré « avant, essaye donc d'en parler à quelqu'un, on sait jamais, ça peut peut-être te faire changer d'avis.. »
    Mais parler à qui ? La famille ? Je ne me sens pas le courage de lui faire porter ce fardeau. D'autant qu'elle a déjà vécu le suicide de ma mère. Elle a tenu moins longtemps que moi. Partie rejoindre les anges à 25 ans. Les amis ? Ils ont leurs propres emmerdes.
    Et puis, je ne sais pas dire ces choses. Dès que ces mots veulent sortir de ma bouche, ils entraînent avec eux des torrents de larmes, et je déteste pleurer en public.

    C'est alors que le web s'est imposé. Ce monde à la fois immense et immatériel m'est apparu comme un océan virtuel dans lequel je pourrais lancer ce message. Comme une bouteille jetée à la mer. Une chance infime d'être lue, mais le cœur apaisé de s'être un peu confié.


  • Commentaires

    1
    quelqu'un
    Lundi 7 Janvier 2008 à 16:06
    Je crois
    que la forme, elle s'en tape là, Swann (sans mauvais jeu de mot). Essayez le web, oui, sans trop en attendre non plus. Visitez les autres, commentez-les, faites-vous connaître. Peut-être trouverez-vous, je l'espère, une aide apaisante. Bon courage. Si vous pouvez planifier votre mort, c'est que vous pouvez encore gérer votre vie. 9a vaut le coup de continuer à vivre.
    2
    personne
    Lundi 7 Janvier 2008 à 16:24
    Je vous comprends
    tellement.....mais non, il ne faut pas succomber à la mort d'un espoir. La vie réserve toujours de belles suprises même si, perdu au fond du tunnel, on ne peut imaginer cela. Je vis aussi une grande perte, un ensoleillement ravagé.....parmi d'autres....quand le tunnel ressemble plus aux cercles de l'enfer on peut lui préferer la mort....croit-on.....ne pensez surtout pas que vous etes seule. Le soleil se lève un jour sur les desherités.
    3
    Lundi 7 Janvier 2008 à 16:28
    youpi
    quoi...
    4
    Lundi 7 Janvier 2008 à 16:34
    oui moi
    ça me fait ça tout le temps quel que soit le logiciel où j'ai d'abord saisi mon texte :(
    5
    Lundi 7 Janvier 2008 à 16:48
    Méfiansssssssssssss
    Le Net peut être thérapeutique, mais il a ses revers : monde virtuel n'est pas monde possible. Sinon ben, le travail c'est la santé, non ? Pardon, je suis sous perfusion hilarante :(
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    6
    Lundi 7 Janvier 2008 à 18:38
    ('quelqu'un' c'est moi)
    La bouteille a attiré bien des lecteurs. A Swann, parfaitement d'accord avec toi, la forme a son importance. Tout ça est effectivement très bien écrit, et vous, Maraclea, avez pris soin de votre mise en forme de blog. C'est ce qui me faisait dire aussi que vous savez encore entreprendre, et avec succès, qui plus est. La preuve en est fait par ces réponses. Mais je ne voulais et ne veux pas faire de la psycho de comptoir, j'ai juste été touchée par ces mots, un peu flippée aussi. Je rajouterai quand même que si vous connaissez les emmerdes de vos amis, c'est qu'ils en parlent. Sans se soucier de vous charger vous. Je crois qu'on y gagne, pour soi et dans ses relations, à se révèler doucement. Et ici, vous savez très bien 'dire ces choses'. C'est un bon début, prometteur. Voilà voilà. Je ne voulais ni verser dans le pathos ni passer à côté d'une souffrance.
    7
    Lundi 7 Janvier 2008 à 18:50
    j'ai trouvé
    pour les paragraphes. merci à ceux qui ont pris la peine de me lire et de m'écrire. bonne soirée à vous
    8
    Lundi 7 Janvier 2008 à 19:16
    uhhhh
    j'avais pas vuuuuu! merci madaame :)
    9
    JeanFoin de Rotonde
    Lundi 7 Janvier 2008 à 19:25
    Avez-vous pensez
    A la tisane au millepertuis/extasy...
    10
    Lundi 7 Janvier 2008 à 21:08
    Y'a eu déjà un blogg
    d'un type qui nous a fait vivre ses derniers jours puis plus rien… ensuite il est revenu pour s'excuser. Bon, pourquoi pas ? Moi je crois que le fait d'écrire, c'est déjà se sentir vivre, non? Allez, welcome.
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