• Une terrienne comme les autres ?


    C'est une terrienne de 37ans.

    Elle se plait à imaginer qu'il y a d'autres galaxies habitées. Ca donne une autre dimension au monde et à ses angoisses, ça les relativise, ces êtres vivants là-haut, très loin, dans les étoiles. Quand elle était enfant, pour s'expliquer qu'elle n'arrivait pas à communiquer avec ses semblables, elle se persuadait qu'elle venait d'une autre planète.
    Elle lui avait même donné un nom. « Kia ». Pourquoi ce nom là ? Elle ne sait plus, mais c'était sa planète. L'univers qui justifiait qu'elle fut différente.
    Aujourd'hui, c'est le nom d'une voiture.
    Les temps changent.

    Elle avait d'autres astuces pour échapper à la réalité. Elle rêvait qu'il y avait un lieu, caché de tous où tout était comme dans un dessin animé. Des couleurs partout, des maisons joufflues, un soleil rieur, des animaux qui parlent et des théières qui chantent.
    Un lieu où tout le monde était heureux, où la souffrance n'existait pas.
    Et elle s'enfermait là, en fermant les yeux.
    Une vision bien sûr très naïve qu'il lui a fallu peu à peu reléguer dans les profondeurs de son esprit pour supporter l'existence et les emmerdes qui vont avec.

    Et puis, souvent quand elle était trop malheureuse, elle se persuadait que sa vraie vie n'était qu'un rêve et qu'elle ne vivait, pour de vrai, que quand elle rêvait.
    C'est un peu compliqué certes, mais ça rendait les choses plus comestibles.
    Aujourd'hui, elle a plus ou moins accepté de n'être qu'une terrienne, et tente de trouver sa place parmi ses congénères.
    Elle tente surtout de trouver l'envie de rester parmi eux, ce qui n'est pas le plus facile.

    Chaque matin elle se réveille avec l'envie de replonger dans les limbes protecteurs du sommeil.
    Il y a quelques jours, après un épisode plus douloureux que la moyenne, elle s'est roulé un joint avec de l'herbe qu'une amie lui avait donnée.
    Elle n'est pas une grande fumeuse, mais ce joint là lui a fait du bien.
    Il l'a plongée dans un état semi comateux.

    Les nuages prenaient des formes très intéressantes à travers la fenêtre du salon et la vie n'avait soudain pas plus de poids que cet édredon céleste.

    Elle s'est alors dit qu'elle aimerait rester comme ça jusqu'à la mort, dans ce brouillard moelleux qui la coupait du monde.
    Céder à l'attraction obscure de la drogue, ou à celle de la folie. Tourner une fois pour toute le dos à la réalité pour s'enfoncer à tout jamais dans un virtuel moins violent, plus doux pour le cœur et la tête.
    Cette idée l'a souvent occupée.

    Elle pense que pour survivre, si l'on n'est pas drogué ou fou, il faut être soit insensible, soit inconscient, soit très courageux.
    Elle n'a aucune de ces qualités. C'est tellement incroyable l'importance de ce qui se passe entre les deux oreilles.
    Comme une situation donnée peut sembler idyllique où cauchemardesque selon le filtre qui s'y est installé.

    Elle aimerait parfois pouvoir débrancher son cerveau pour ne ressentir que les sensations primitives, instinctives, animales.

    Juste sentir, ne plus penser.


  • Commentaires

    1
    Mardi 8 Janvier 2008 à 19:38
    Pour ne plus penser :
    courir jusqu'à l'épuisement, s'écraser devant la télé (moins fatigant), faire œuvre d'écoute apparemment attentive dans n'importe quel lieu où n'importe quels bavards en peine de communication sont décidés à chauffer une oreille compatissante, faire l'amour, danser, se laisser griser par une musique et, pour les plus sages dont je ne suis pas exactement, s'installer en position du lotus, inspirer, expirer. Sans ça, c'est vrai, survivre peut tenir du miracle.
    2
    Mardi 8 Janvier 2008 à 19:44
    Marcher,
    c'est très efficace aussi. A bon rythme ou en flânant, en pleine nature ou dans des rues assez agréables à regarder (tout en scotchant sur les nuages, par exemple). Pour tout dire, je déteste les kits de survie. Ça va mieux qu'hier ? Well done !
    3
    Mardi 8 Janvier 2008 à 19:49
    La vie-La mort.
    Je suis un Québécois sexagénaire heureux aux prises avec les affres rhumatoïdes et les bobos liés au vieillissement. Je suis tout de même heureux, mais j'ai vécu des épisodes très malheureux où la mort me semblait la seule solution. Je faisais l'éloge de ma fuite. Mais comme l'écrivait Scott Peck dans son livre Le chemin le moins fréquenté: "La vie est difficile." C'est la première phrase du livre et elle demeure une vérité sans faille: la vie est difficile. Une fois que j'ai eu compris cela, j'ai commencé à vivre. Mais toujours, la vie est difficile. Tu écris si bien; continue. XOX Arthur
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    4
    Maraclea
    Mardi 8 Janvier 2008 à 20:17
    salut cosmic
    merci pour ta visite. tu as de bonnes idées. je vais essayer
    5
    Mercredi 9 Janvier 2008 à 15:09
    sentir ?
    comme je vous plains ! vous êtes tellement représentative, de par votre talent pour l'écriture, de nous tous, pauvres ombres contemporaines...et il est bien vrai que l'on voit là le démon de la drogue (ou de l'alcool, c'est tout un) se démener. il n'y a qu'une seule voie pour sortir de l'enfer : celle de la pensée, justement, celle que vous refusez. Le choc de la sensation s'abîme dans le néant si du moins il ne furctifie pas en choc de l'intellect et de la réflexion pour construire le présent éternel de la connaissance. C'est cela la malédiction de la drogue : provoquer (au début, parce qu'après que l'accoutumance se soit installée, elle présente la facture, qui ne peut jamais être payée) une intensification artificielle des sensations qui supprime le besoin de ressaisir celles ci dans la réflexion. Une preuve ? essayez donc de fixer les merveilleuses visions de le drogue sur du papier...
    6
    melgueil
    Samedi 2 Février 2008 à 11:03
    retape
    cosmic le roi de la retape... Arrff
    7
    Samedi 2 Février 2008 à 11:06
    bibine
    Viens boire un coup chez moi...pour te remettre...
    8
    Samedi 2 Février 2008 à 11:08
    bibine
    Mais non la vie n'est pas difficile. Seules les 100 premières années sont dures après ça roule tout seul...
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